Vous êtes dans un atelier de couture. Des patrons sont suspendus sur les murs ou posés sur les tables. Des lignes rouges, vertes, bleues et noires se mélangent, se perdent sur cette fine feuille. Les mains agiles manient les aiguilles, les épingles et les stylos pour transformer cette délicate structure. D’un coup de pistolet les courbes naissent, le patronage se termine. D’autres mains attendent, stylo bic agrippé, que l’idée vienne se poser sur ce carnet. Tout ce précipite, se perd, se confond, la pression de la précision est à son comble. Les gens s’agitent et réfléchissent, le papier est froissé, déchiré, l’idée est jetée, recommencée. La pédale de la machine à coudre est activée, les bobines de fil tournent à s’en briser, pourtant la régularité est toujours de mise. Une toile est mise en volume, moulée directement sur le mannequin. Les plis, les pinces, donnent vie à cette forme préalablement plane. Doucement, l’atelier se concentre sur ses objectifs.
L’univers de l’atelier me fascine. Ce lieu dans lequel travaillent les artisans, les ouvriers, les artistes, regorge de vie. C’est l’endroit où la recherche se profile, avec comme objectif la création. Cette recherche est invisible à l’oeil de l’observateur, devant la création finie. Pourtant elle est complexe, et se décline en une multitude d’étapes. Je m’intéresse à ces étapes pour créer des textiles, ayant pour objectif de mettre en avant toute cette phase de recherche. Je m’inspire ainsi des matériaux, des outils, mais aussi des comportements propre à la recherche : l’erreur, le doute, ainsi que les actions qui lui sont propre comme le moulage, le griffonnage, la correction.